6 avril, jour de pluie

Au café, je me suis assis à une table près d’un vieil homme que je remarque souvent dans les rues, marchant à petit pas. Il a gardé son imperméable sombre et son béret gris, même son écharpe à carreaux et ses gants de cuir, qu’il retire parfois, découvrant ses mains pâles. Il est très élégant dans son usure et m’a toujours évoqué ton grand-père, que j’imagine mal fréquenter les cafés.
Il a devant lui une boîte de propolis et un grand verre de lait, à moitié vide, auquel il ne touche plus. Il me demande si c’est bien samedi aujourd’hui. Sa montre est posée devant lui.
La musique diffusée, trop forte, ne convient pas du tout. Un moment il frappe du pied droit (je remarque qu’il a de hauts talons), en rythme, mais je crois que c’était une autre pulsation, bien à lui.
Il a posé ses gants sur la table et se masse longuement les tempes, puis semble s’inquiéter de celles-ci. Il les frotte avec un mouchoir de tissus qu’il inspecte ensuite. Sa peau est sèche à cet endroit et l’idée que cela puisse se voir semble le gêner. Il réajuste son béret. Est-ce que je lui demande si tout va bien ? Est-ce que tout peut aller bien, pour lui ?
Je termine mon verre de vin.

« Monsieur, vous allez bien ?
– Comment ?
C’est vrai que je ne parle jamais assez fort.
– Tout va bien, Monsieur ?
– Oui, je vous remercie beaucoup. »

Et il ajuste son béret, une fois encore.


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